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1Monsieur, nous resceumes vendredy dernier, 19 du présant
2ung vostre dépêche du 16 de novembre et le samedy
3ensuivant, qu’estoye le 20, nous en resceumes ung aultre du
414 du présant par monsieur Bourgel, dont j’ay peu cognoistre
5qu’aviés resceu le dépêche que monsieur d’Evègnes vous avoyt
6fait par monsieur de Trechenus ; bien est vray qu’estay bien
7cogneu aussy que n’aviés pas ancores resceu une
8mienne lettre escripte du 10 du présant par laquelle je
9vous faisoys antendre come monsieur Maniquet nous avoyt
10forny quatre cens livres au moyen desquelz nous
11avons commanssé à dresser nostre équipage pour La
12Rochelle. Et parce que nous avions plus de besoing de
13nous prouvoir d’une charrete et de ses apertenansses que
14d’aultre chose, j’ay commancé par ung cheval qui nous a
15coupté quarante escus pistoles, par le billiot et par
16une charrete qui nous a coupté trante frans dudit pays,
17come le vous escripvoys pour la grande chertté qui luy
18at heu en ceste ville du boys et du foin. En faisant venir nostre
19dicte charrette en ceste ville chargée ung steur de boys
20et ung aultre de foin du vilage, j’ay voulu essayé
21si nostre courtaut pie nous voudroyt servyr de second
22cheval à la charrete, duquel nostre chauretyer a bonne
23espérance et croyt fermement qu’il tirera bien qui
24me fait résoudre de le dédyé à cella pour estre
25une beste forte et puissante et mesmes qu’il nous fault
26deux puyssants chevaulx, d’aultant que je crins fort
27que nous n’an barrassions nostre charrette de beaucoupt
28de choses come premièrement vous pouvés antandre de
29deux coffres apartenans à monsieur de Laval, de deux
30[v] paniers où sont les armes de messieurs d’Eveynes et de Laval,
31lesqueles ne pèsent pas peu, et ayant mesmement deulx
32rondalles d’assier, toute deulx à la preuve de l’arquebuse,
33l’une desqueles mondit sieur d’Eveynes a donné à monsieur
34de Laval. Illuy aura de surplus sus nostre charrete une
35tante de douze pié de toute barreure, qui nous
36coupte dishuict escus au soleil. Elle n’est pas neufve,
37mais elle est aussy bonne. Il luy a aussy le lict de
38monsieur de Laval, sans puis d’aultres malles pour serer
39les ardes de vallet et des chevaulx, de façon, monsiegneur,
40que s’il nous falloyt encores achepté ung puissant cheval,
41il nous coupteroyt quarante ou cinquante escus, et y
42lessant le courtaut pie, nous nous porrons passer d’ung courtaut
43de vinct escus, lequel nostre palefrenier porra tousiourzs
44monter ; oultre tout cella, nous sommes asseurer de nous servyr
45du courtautpie à la selle toutes et quantes foys que
46nous voudrons. J’avons achepté ung pavilion de damas vert
47pour le lict de camp de monsieur de Laval qui nous coupte
48anvyron cent soixante livres, y conprenant la contre souche
49de taffetas vert. Monsieur d’Eveynes nous a proveu
50du petit chalict qui nous servira aussy bien que ung
51neuf. Il nous fornist aussy d’ung matellas et d’ung
52traverse. Ce nous est autant d’argent espargné. Je suis
53sus le poinct d’achepter plusieurs aultre ménage come
54vessele, linge, table de camp et aultres choses nécessères
55pour une armée. Au demeurant, monseigneur, puis squ’il
56vous plest que je vous face antandre des nouvelles que
57je scauray, il ce dict icy que Monsieur, frère du roy,
58partira pour certin pour s’en aller à La Pochelle pour le
59quinziesme du moys qui vient et tient-on pour seur que
60les habitans et populas de la dicte ville = [= de La Rochelle] sont en grande
61divorsse avec la noblesse, qu’est cause, selon mon opinion,
62[320] que cela fait hasté Monsieur de son vouyaige. Ce souer passé,
63le jeune La Molle, qui à monsieur le duc, a esté assally et a
64fally à estre tué. Le baron de La Roche est sus le poinct
65de s’en aller de par della avec ung don que le roy luy a fait
66de la confis cation de tous les usuriers du Daulphiné, mais
67j’ay peur qu’il n’an facent aussy peu que feu le capitaine
68Moreau qui l’avoyt heu aultresfoys, car je me souviens
69l’avoir veu à Grenoble pour cet effait mesme. Je pansse
70bien, monseigneur, qu’aurés sceu come le roy a esté blessé
71ses jours passés à la chasse du sanglier d’ung coup
72d’épée au bras, mais l’on espère que ce ne sera pas grande
73chose. La reyne régnante a esté fort malade ses jours
74passés d’un cathère à la joue, tellemant que l’on cregnoit
75qui ne la suffocat. La reyne mère du roy, a esté
76sanblablemant malade. Je ne scay si elle le contreffeoyt
77pour avoir beaucoups de demandeurs après d’elle qui ne demande que d’argent pour
78faire ce voyage de La Rochelle, qu’est tout ce que je vous
79peux escripre, que sera l’androyt après vous avouer beysé
80très humblement les mains, je prieray le Créateur
81monseigneur, vous donner en parfaicte santté longue et heureuze
82vie. De Paris, ce 22 décembre 1572.
83Vostre très humble et hobéyssant
84Serviteur
85J de Chapponay
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